Communiquer sur le changement climatique est crucial pour construire une base de connaissances riches, diversifiées et actualisées, amener les décideurs et les praticiens à prendre des décisions informées et aider les populations locales à renforcer leur résilience.
Le changement climatique est l’un des plus grands fléaux du 21esiècle qui, selon les chercheurs, affectera particulièrement le continent africain. L’Afrique centrale est vulnérable du fait que la presque totalité des activités de survie de ses populations est tributaire du climat, devenu de plus en plus imprédictible.
Même si elle est souvent confinée par les politiques dans l’étroit domaine de l’environnement, la question du changement climatique fait en réalité appel à de nombreuses disciplines scientifiques, d’où la nécessité d’échanges interdisciplinaires systématiques sur le sujet. En outre, les concepts et processus relatifs au changement climatique se complexifient, rendant difficiles leur compréhension et leur intégration dans les politiques environnementales et les politiques sectorielles de développement. Aussi, en plus de ces échanges interdisciplinaires, un dialogue nourri entre les scientifiques et les preneurs de décision s’avère incontournable. Ces concepts étant généralement conçus à l’échelle internationale, ils doivent encore être adaptés aux exigences et aux contingences sous régionales, ce qui implique l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de communication spécifiques.
Les populations rurales du Bassin du Congo sont considérées à tort ou à raison comme les premiers agents de déforestation, en raison de l’agriculture itinérante sur brûlis qu’elles pratiquent. Alors même qu’elles sont éprouvées par de nombreux fléaux d’origine structurelle ou politique tels que les conflits armés, la mal gouvernance, la corruption, les épidémies, ou l’extrême pauvreté, les fluctuations climatiques viennent mettre à mal leur sécurité alimentaire. De plus, l’insuffisance d’accès aux technologies de l’information et de la communication et par ricochet, aux innovations scientifiques et technologiques limite leur résilience. Il est dès lors important de développer des canaux de communication accessibles et utilisables par ces acteurs locaux, leur donnant en même temps l’occasion de partager des savoirs endogènes avec les politiques et les autres acteurs.
Le projet COBAM est pleinement conscient de l’importance de la communication dans la prise de décision à tous les niveaux, et dans le changement des comportements et des pratiques. C’est la raison pour laquelle il a initié un plan de communication innovant. En 2011 et 2012, de nombreuses actions de communication et d’information ont été menées, parmi lesquelles l’organisation de plusieurs ateliers d’échanges entre les chercheurs et les décideurs politiques, la formation des communicateurs environnementaux sur le changement climatique, la création et l’alimentation d’un site web (www2.cifor.org/cobam), la publication et distribution de documentaires, de journaux, d’articles scientifiques, de notes.
Cependant, ces canaux sont assez sélectifs et n’atteignent pas toujours les principales cibles, y compris les décideurs nationaux et locaux, les praticiens et les communautés locales. La radio reste le canal d’information le plus accessible parce que le plus disponible et le moins coûteux. C’est pour pallier à ces insuffisances qu’en 2013, le programme radiophonique intitulé « Au rythme des saisons » a été conçu. C’est un programme de renforcement des capacités, de capitalisation et de vulgarisation des informations disponibles sur le changement climatique. Il permet aux chercheurs et acteurs exerçant dans le secteur de l’environnement de partager avec l’auditoire leurs avis sur l’actualité environnementale à travers des débats bien ficelés, et d’éduquer les populations sur les bonnes pratiques environnementales. Une dizaine d’émissions radio de 53 minutes en langue française ont été diffusées tous les mois en 2013 sur les antennes de la radio nationale camerounaise (CRTV), et reprises par Radio-Environnement et ses partenaires.
Dans le souci d’élargir la couverture géographique des émissions à d’autres pays du Bassin du Congo et surtout de répondre aux demandes des populations les plus défavorisées qui sont aussi les plus affectées par le changement climatique (PNUD 2011), d’importants moyens matériels et humains ont été combinés pour réunir sur le plateau d’enregistrement des experts, des représentants de la société civile, des décideurs du gouvernement et des populations pour des débats en trois langues locales : le lingala, le kituba et le pidgin-English.
Le présent numéro de COBAM News met l’accent sur la communication sur le changement climatique dans le Bassin du Congo. Il présente les résultats de la recherche entreprise par COBAM et dévoile l’un des paysages du PACEBCo sur lequel se déploie le projet ; il revient sur les activités du projet effectuées au cours de ce trimestre, procède à l’interview des personnalités, et enfin donne des informations générales et l’agenda des évènements à venir.