Minette Nago
Avoir un parterre de spécialistes venant de contextes différents qui communiquent sur les changements climatiques peut être un des canaux de diffusion du message du projet COBAM. Aussi, dans ce numéro, pour déployer cette stratégie, le COBAM News donne la parole à M. Alain Belibi, journaliste émérite de la scène médiatique camerounaise et internationale, pour parler de son ressenti et de son expertise sur l’importance de la communication dans la problématique du changement climatique.
COBAM News : M. Alain Belibi, vous êtes depuis bientôt un an le présentateur d’un programme de communication radiophonique sur les changements climatiques, diffusé au Cameroun et dans certains pays de l’Afrique centrale. Sur un plan communicationnel, quelle est la particularité de ce programme ?
AB : Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour répondre à cette question parce que j’ai été contacté par les responsables du COBAM, qui ont porté leur choix sur moi pour présenter cette émission. Mais autant que je puisse en parler, c’est une émission qui vise à sensibiliser le grand public sur un phénomène dont tout le monde parle, mais dont pas grand monde ne connait la réalité : les changements climatiques. La particularité de cette émission réside donc en ceci qu’elle lève un pan de voile sur la réalité du phénomène de changement climatique, et surtout essaie d’amener son public à adopter des comportements conséquents d’adaptation et d’atténuation de ce phénomène.
COBAM News : Pourquoi avez-vous choisi de communiquer sur les changements climatiques ? En quoi ce sujet est-il intéressant pour un journaliste émérite comme vous ?
AB : Notre choix de communiquer sur les changements climatiques a une double motivation, dont l’une d’ordre professionnel et l’autre d’ordre personnel. Sur le plan professionnel, il faut noter que le changement climatique est un phénomène nouveau et en tant que tel, mérite que l’on communique dessus. Sur le plan personnel, de par notre background de scientifique, nous avons une propension particulière à nous intéresser à de telles thématiques.
COBAM News : Quels sont les objectifs de la communication ?
AB : Les objectifs sont en général de deux principaux ordres : l’objectif informatif, qui se traduit dans la mise à disposition du grand public d’informations nouvelles, et l’objectif didactique qui suppose entre autres la recherche de modification de comportements sociaux face à cette problématique.
COBAM News : Quelles sont les étapes d’une bonne communication ?
AB : Elles sont classiques et sont au nombre de cinq, dont en premier lieu la précision des objectifs de cette communication. Il s’agit de répondre à la question pourquoi veut-on communiquer ? A la suite de cette étape, il est impératif de statuer sur les cibles de cette communication : à qui veut-on communiquer ? Après avoir défini les cibles, l’élaboration de la stratégie de communication est essentielle : quels sont les canaux à utiliser ? Quel est le timing pour mieux atteindre les cibles ? Qui doit communiquer ? Ou et avec qui doit-on communiquer ? Comment communiquer ? Etc. L’élaboration de la stratégie est suivie de sa mise en œuvre et de la gestion adjacente de tous les aléas liés à l’action. La dernière étape est celle de l’évaluation, afin d’améliorer les actions futures.
COBAM News : Comment atteindre plus facilement les cibles d’une communication?
AB : Pour atteindre plus facilement les cibles, il faut développer la proximité d’avec celles-ci, aussi bien sur le plan linguistique que sur le plan du choix du canal de communication le plus proche d’elles.
COBAM News : Y a-t-il des difficultés à animer une plate-forme d’échange sur les perturbations et changements climatiques comme vous le faites ? Comment arrivez-vous à les surmonter ?
AB : De façon générale, nous ne rencontrons pas de difficultés particulières pendant la réalisation de cette émission, puisque c’est nous qui procédons au casting conséquent des intervenants. Toutefois, si devons en recenser une seule, ce serait le jargon scientifique parfois utilisé par les invités, qui pourrait ne pas toujours être compris de tous les auditeurs. Aussi, dans l’optique de pallier à ce problème, nous leur posons séance tenante des questions afin de leur permettre d’expliquer plus simplement ces concepts.
COBAM News : Pensez-vous que les messages transmis atteignent leurs cibles ?
AB : Si nous tenons compte d’abord des feedbacks positifs en provenance de part et d’autre du territoire camerounais et de certains pays d’Afrique centrale, et ensuite de la volonté d’autres chaines de retransmettre cette émission, nous sommes à même de penser que le message transmis atteint quand même ses cibles.
COBAM News : Quel bilan dressez-vous de ce programme après 8 mois de transmission ?
AB: Sans vouloir verser dans l’autosatisfaction, et compte tenu des feedbacks que nous recevons des cibles de ce programme, nous sommes tentés de présenter pour notre part un bilan positif.
COBAM News : Que diriez-vous à vos jeunes collègues qui ne trouvent aucun intérêt pour la communication sur l’environnement ?
AB: Comme nous l’avons précisé en début de cette interview, l’environnement en général et les changements climatiques en particulier, sont un domaine nouveau dont tout le monde parle, mais à propos duquel il y a une carence en informations de qualité. Aussi, nous encourageons nos jeunes confrères à communiquer de plus en plus dessus, afin que tous ensemble et chacun y allant de sa spécialité, nous participons à l’atténuation et/ou à l’adaptation à ce fléau.