Politiques d’adaptation et d’atténuation au Cameroun : Pistes des synergies

Vue de Yaoundé la capitale du Cameroun. Photo : Olivier Girard

Vue de Yaoundé la capitale du Cameroun. Photo : Olivier Girard

Eugene Chia Loh

De nombreuses incertitudes entourent la prise de décision dans le domaine du changement climatique. Dès lors, le politique devrait être informé des opportunités et des outils nécessaires à l’élaboration de politiques efficaces.

Les pays du Bassin du Congo sont pauvres et vulnérables. De ce fait, ils sont plus enclins à subir les effets négatifs du changement climatique. Conscients de cette vulnérabilité, ils ont intégré les préoccupations climatiques dans leurs agendas politiques. Des processus d’atténuation et d’adaptation ont été engagés dans ces pays, à des vitesses et des niveaux différents. Pourtant, au vu de l’insuffisance de résultats, considérer et mettre en œuvre les mesures d’atténuation et d’adaptation séparément ne suffisent plus. Dans un contexte de pauvreté et de rareté des ressources, surtout financières, il faut aller au-delà et envisager l’atténuation et l’adaptation de façon synergique. Le Cameroun, pays du Bassin du Congo, est l’objet de cette analyse qui a pour objectif d’améliorer la visibilité des processus politiques d’adaptation et d’atténuation, et d’apprécier les risques et les opportunités existants pouvant servir à la construction de synergies entre les deux mécanismes.

Comme le constatent Kengoum et Tiani en 2013 dans le document intitulé « Politiques d’adaptation et d’atténuation au Cameroun : Pistes de synergies » publié par le CIFOR, le Cameroun ne dispose pas encore de stratégie nationale REDD+. De même, en matière d’adaptation, aucune stratégie n’a encore été finalisée, en raison de l’absence d’une étude complète et fiable sur la vulnérabilité. En effet, la zone forestière est exclue des études, comme le montre amplement la Communication nationale initiale du pays.

En dépit de l’existence de nombreuses opportunités de construction de synergies entre les politiques d’atténuation et d’adaptation, le contexte de gouvernance pourrait constituer une entrave. Par exemple, le pays s’est doté en décembre 2009 d’une institution, l’ONACC, spécifiquement chargée de proposer des mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Quatre années après sa création, cette structure n’est toujours pas fonctionnelle. Par ailleurs, le modèle de sectorisation laisse difficilement des opportunités pour la construction de passerelles entre les divers départements ministériels ; d’où les guerres de leadership.

Politiques climatiques et secteurs de développement dans un contexte forestier.

Politiques climatiques et secteurs de développement dans un contexte forestier.

Les lenteurs dans le déploiement des instruments et institutions de lutte contre le changement climatique constituent également une contrainte. Ces institutions suscitent des espoirs qui mettent en berne des initiatives qui auraient pu se déployer en marge. De même, la connaissance approximative des ressources forestières et du carbone, et du contexte de vulnérabilité des populations forestières constitue une entrave à la formulation d’options politiques d’adaptation claires. Enfin, le flou qui règne sur les questions de tenure foncière et forestière, en raison de la superposition conflictuelle du droit coutumier et du droit positif, continue de rappeler le besoin d’une clarification des droits pour une meilleure planification. Ce conflit fait également partie du débat sur l’illégal et l’informel dans le secteur forestier, lui-même lié à la difficulté de qualification de la relation entre les populations forestières et les forêts.

Néanmoins, quelques pistes se dégagent, qui peuvent servir de base à la formulation de politiques synergiques entre atténuation et adaptation au changement climatique. Au-delà de l’amélioration du contexte de gouvernance, il semble bien qu’une garantie de durabilité des revenus issus des forêts par une meilleure définition des droits est le passage obligé. Par ailleurs, une des solutions possibles au problème de la coordination pourrait se trouver dans les conditionnalités, dans la mesure où les politiques sectorielles dont les activités sont identifiées comme vulnérables aux changements climatiques en feraient une donnée importante dans la planification de leurs stratégies.

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